BOULLÉ, HÉLÈNE, dite de Saint-Augustin (Champlain), fondatrice des Ursulines de Meaux (France), née en 1598 à Paris de Nicolas Boullé, secrétaire de la Chambre du roi, et de Marguerite Alix, tous deux calvinistes, décédée et inhumée à Meaux, le 20 décembre 1654.

Des quatre enfants Boullé, Hélène était la plus intéressante. En 1610, on la maria à Samuel de Champlain, de beaucoup son aîné. Comme elle n’était pas encore nubile, le contrat exigeait l’espace de deux années avant la cohabitation des conjoints. D’abord opiniâtre dans ses croyances, la jeune femme étudia la religion de son mari et embrassa la foi catholique à l’âge de 14 ans. En 1620, elle choisit d’accompagner M. de Champlain au Canada. À Tadoussac, la voyageuse rencontra son frère Eustache, en Amérique depuis 1618. Champlain étant presque constamment retenu par ses devoirs de commandant, son épouse se trouvait seule et dépaysée dans ce milieu si différent de Paris. Ses habitudes ne l’inclinaient pas à fréquenter Mme Hébert [V. Rollet] et sa fille, et elle chercha quelques distractions auprès des Amérindiens qui admiraient son visage, ses habits et surtout le miroir suspendu à sa ceinture. Après quatre ans d’exil, Mme de Champlain repassa pour toujours en France. De loin, elle continua de suivre les intérêts de son mari : en son nom, elle poursuivit Guillaume de Caën (1627), et le somma de payer des émoluments à Champlain. Du vivant même de son époux, Hélène conçut le dessein d’être religieuse ursuline. La mort de Champlain, survenue le 25 décembre 1635, la laissa libre d’exécuter ses projets, mais diverses affaires la retinrent dix ans dans le monde. Entre autres, il y avait les ennuis suscités par la succession de Champlain qui constitua Notre-Dame de la Recouvrance héritière de ses biens. Ennemie de la chicane, Mme de Champlain renonça à ses droits acquis par contrat de mariage, et une cousine germaine, qui avait fait casser le testament, eut gain de cause.

En novembre 1645, Hélène de Champlain entra au monastère des Ursulines de Paris. C’est là qu’elle prit le voile blanc sous le nom de sœur Hélène de Saint-Augustin. À cause de son âge et de ses habitudes d’indépendance, elle semble avoir trouvé le joug pesant. Encore novice – ce qui appuie nos conjectures – elle quitta le couvent du faubourg Saint-Jacques pour aller fonder un monastère dans la ville de Meaux. Plutôt portées au panégyrique, les Chroniques de l’ordre disent pourtant que la mère Hélène de Saint-Augustin eut à supporter de lourdes épreuves que son tempérament vif lui fit doublement ressentir. Elle mourut en odeur de sainteté le 20 décembre 1654, après huit jours de maladie.

Marie-Emmanuel Chabot, o.s.u.

Les Chroniques de l’ordre des Ursulines (Paris, 1673).— JR (Thwaites).— Morris Bishop, Champlain : the life of fortitude (New York, 1948).— H. Bourde de la Rogerie, article sur Hélène Boullé dans le Bulletin de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, LXIII (1932), et tirage à part paru sous le titre : Hélène Boullé, femme de Samuel Champlain (1938).— Faillon, Histoire de la colonie française, I.— Robert Le Blant, La Famille Boullé, 1586–1639, RHAF, XVII (1963–64) : 55–69 ; Le Testament de Samuel Champlain, 17 novembre 1635, RHAF (1963–64) : 269–286.

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Marie-Emmanuel Chabot, o.s.u., « BOULLÉ, HÉLÈNE, dite de Saint-Augustin (Champlain) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/boulle_helene_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
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