BOUILLET DE LA CHASSAIGNE (Chassagne), JEAN, écuyer, soldat de carrière, chevalier de Saint-Louis, né à Paray (Paray-le-Monial, France) en juin 1654, fils de Gaudefroy Bouillet et d’Anne Bartaud, décédé à Montréal le 31 janvier 1733.

Jean Bouillet était de descendance noble ; son père était avocat au parlement de Paray et seigneur du fief de la Chassagne. Aussi cette noblesse familiale lui a-t-elle permis de songer à faire une brillante carrière militaire. Affecté au régiment de Navarre en 1672, il en devint vite enseigne, puis lieutenant (1675). En 1677, il était promu au grade de capitaine dans le régiment de Condé et obtenait, dix ans plus tard, la direction d’une compagnie dans les troupes de la marine servant au Canada.

Nous le retrouvons, en 1690, commandant au fort Lachine où, durant l’hiver suivant, il prend part à une poursuite contre les Iroquois. Garde de la marine en 1693, de nouveau capitaine en 1694 et enseigne de vaisseau l’année suivante, La Chassaigne végéta ensuite pendant une quinzaine d’années vraisemblablement dans un poste de la région de Montréal. Mais il avait de l’ambition, comme tout gentilhomme, et il se gagna des appuis susceptibles de lui procurer de l’avancement. Le Roy de La Potherie le décrit, en 1701, comme une des rares personnes qui se soient gagné l’estime de Callière « et qui l’applaudissent avec une complaisance affectée dans tout ce qu’il fait ». Ce jugement est sans doute exagéré, mais il est confirmé en partie par les nombreuses demandes qu’il fait, après 1703, avec l’appui du gouverneur et de l’intendant, pour avoir tantôt une lieutenance de roi à Trois-Rivières ou en Acadie, tantôt une croix de chevalier de Saint-Louis, honneur qu’il obtient finalement le 7 juillet 1711.

Lors de l’expédition infructueuse de Ramezay contre les Iroquois en 1709, La Chassaigne commandait les 100 soldats des troupes du roi qui y participaient. L’année suivante, il accédait à la majorité des troupes de Montréal et occupait ensuite, à tour de rôle, les postes de major au gouvernement de Québec (1716), lieutenant de roi a Montréal (1720), gouverneur de Trois-Rivières (1726) et gouverneur de Montréal (1730), poste qu’il occupait encore au moment de sa mort. Durant son terme de gouverneur de Trois-Rivières, il avait rempli une mission auprès de Burnet, gouverneur de New York, pour l’inciter à faire démolir le fort Oswego érigé en violation du traité d’Utrecht ; cette mission lui mérita le titre de personne de « grand mérite » sous la plume de Burnet.

Le 28 octobre 1699, il avait épousé, à Montréal, Marie-Anne Le Moyne, fille de Charles Le Moyne de Longueuil. Même si La Chassaigne était considéré comme un bon officier par Callière et Rigaud de Vaudreuil, il nous apparaît que cette heureuse alliance avec une des plus célèbres familles canadiennes l’a aidé dans sa carrière. N’est-ce-pas le baron de Longueuil qu’il remplace comme major de Montréal en 1710 et un de ses beaux-frères, 20 ans plus tard, au poste de gouverneur de Montréal ?

La carrière militaire n’enrichissant pas son homme à l’époque, La Chassaigne ne fit pas exception à la règle. En 1711, il était condamné par le Conseil supérieur à rembourser la somme de 797# empruntée de Jean-Baptiste Céloron de Blainville. Dans un testament qu’il fit en 1727, il léguait la majorité de ses biens de France à l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de la ville de Paray (France), mais, fait significatif, il n’y avait rien dans ce testament au sujet de biens qu’il aurait pu avoir au Canada. En 1733, une généreuse pension de 3 000# lui fut octroyée par le roi, mais il ne put en jouir puisqu’il mourut avant d’en connaître l’existence.

Jean Bouillet n’a laissé aucune descendance et son épouse a terminé sa vie au couvent des Ursulines de Trois-Rivières. Un autre Bouillet, Claude, dont il était le grand-oncle, passa au Canada vers 1730 et y laissa une descendance de trois filles et un fils.

Ulric Lévesque

AJQ, Greffe de Florent de La Cetière, 4 oct. 1727.— Acte de baptême de Bouillet de La Chassaigne, BRH, XXXI (1925) : 56.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1938–39 17, 156 1939–40 ; 398, 441, 459 ; 1942–43 : 433, 437 1946–47 393, 401, 426, 459.— Charlevoix, Histoire de la N.-F, II : 59, 336.— Jug. et délib., VI : 248–250.— Liste des officiers de guerre qui servent en Canada (octobre 1722) dressée par le gouverneur de Vaudreuil, BRH, XXXVI (1930) : 207.— Un mémoire de Le Roy de la Potherie sur la Nouvelle-France, 1701–1702, BRH, XXII (1916) : 214.— Rolle des officiers qui servent en Canada, avec le temps de leurs services (5 octobre 1692), BRH, XXXIV (1928) : 599.— Fauteux, Les Chevaliers de Saint-Louis.— J.-B.-A. Ferland, Cours dhistoire (2 vol., Montréal, 1929), II : 160, 278, 329.— A. Jodoin et J.-L. Vincent, Histoire de Longueuil et de la famille de Longueuil (Montréal, 1889), 156.— E. Demaizière, Un Bourguignon, Gouverneur de Montréal. Jean Bouillet de La Chassaigne, NF, 1 (1925) : 132–134.— J.-E. Roy, Le patronage dans l’armée, BRH, II (1896) :114.— P.-G. Roy, Les officiers d’état-major, RC, XXII (1918) : 290 ; État des officiers des troupes servant au Canada, BRH, XXVI (1920) : 321 ; Jean Bouillet de La Chassaigne, BRH, XI (1905) : 144.— Benjamin Sulte, Les gouverneurs des Trois-Rivières, BRH, II(1896) : 72.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Ulric Lévesque, « BOUILLET DE LA CHASSAIGNE (Chassagne), JEAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bouillet_de_la_chassaigne_jean_2F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:

Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/bouillet_de_la_chassaigne_jean_2F.html
Auteur de l'article:    Ulric Lévesque
Titre de l'article:    BOUILLET DE LA CHASSAIGNE (Chassagne), JEAN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    28 novembre 2024