ANGEL, JAMES, manufacturier et homme politique, né le 12 janvier 1838 à Halifax, fils de John Angel ; le 24 février 1868, il épousa à St John’s Malvina Percy, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé dans cette ville le 23 octobre 1918.

Le père de James Angel, mécanicien de marine à Halifax, se rendit probablement à Terre-Neuve en 1847 parce que Charles James Fox Bennett* bâtissait la première fonderie de l’île. Sa famille le rejoignit à St John’s trois ans après, lui-même ayant été nommé à la direction de la fonderie, dont la construction était achevée, et son fils James ayant été pris comme apprenti machiniste. En novembre 1856, un incendie détruisit la fonderie de Bennett. L’année suivante, James et son père ouvrirent la New Foundry (ou Angel Foundry), qui se spécialisa d’abord dans la fabrication de biens de consommation, notamment des poêles et des clous découpés. Située à l’extrémité ouest de la ville, près de la fonderie de Bennett, l’entreprise finit par absorber ce qui en restait. En outre, les Angel prirent la succession Bennett dans le secteur maritime (quincaillerie et réparations), tout en continuant de diversifier leur gamme de poêles en fonte. En 1867, John Angel fils s’associa à eux après avoir reçu une formation de modeleur aux États-Unis. Trois ans plus tard, Angel père prit sa retraite. James et John fils consolidèrent alors l’entreprise et la baptisèrent St John’s Foundry.

À cette époque, James Angel, marié depuis peu, était en train de s’imposer à la fois dans sa propre famille, dans l’industrie lourde de Terre-Neuve et dans le secteur industriel de l’extrémité ouest de St John’s. De confession méthodiste, il joua un rôle majeur dans la construction de l’église wesleyenne George Street, dont il resterait l’un des principaux fidèles jusqu’à la fin de sa vie. En 1873, les frères Angel achetèrent rue Water une petite fonderie, la Victoria Engine and Boiler Works. Ils en firent un entrepôt portuaire et un atelier de mécanique spécialisé dans les réparations d’urgence pour les navires. James dirigeait cette usine et, cinq ans plus tard, acheta la part de son frère.

Le travail ne manquait pas à l’usine Victoria, à cause de la multiplication des navires à vapeur et, à compter de 1881, de la construction d’un chemin de fer transinsulaire. Principal enjeu des débats dans les années 1880, ce chemin de fer fut l’une des raisons qui amenèrent Angel en politique, dans le camp du premier ministre, sir William Vallance Whiteway*. Angel était l’un des rares hommes d’affaires de St John’s à adhérer à la politique ferroviaire de Whiteway. Selon la plupart des marchands de la rue Water, la priorité était plutôt le développement des pêches. En 1889, Angel fut nommé au Conseil législatif par Whiteway. Il n’en fut jamais l’un des membres les plus politisés : d’ordinaire, il réservait ses « avis judicieux » au Conseil ou s’intéressait à des questions comme l’expansion de l’industrie ou la limitation de la vente d’alcool, dont il était fervent partisan. Toutefois, en 1906, il appuya vigoureusement deux lois visant à restreindre l’immigration à Terre-Neuve, l’Aliens Act et le Chinese Immigration Act, et soutint un débat dans la presse avec des immigrants.

En 1883, avec un groupe d’investisseurs, Angel avait créé la St John’s Nail Manufacturing Company, où il transféra l’équipement de clouterie installé à la St John’s Foundry. Moins de deux ans plus tard, la fonderie elle-même et deux usines plus petites fusionnèrent sous le nom de Newfoundland Consolidated Foundry Company et furent placées sous sa direction. Parmi les investisseurs de cette société, on trouvait plusieurs hommes d’affaires qui avaient des intérêts dans l’industrie de transformation, dont Augustus William Harvey*, James Goodfellow* et James Baird. Entre-temps, Angel avait fait entrer dans l’entreprise l’un de ses gendres, Alexander D. Brown, et avait fait constituer juridiquement en 1883 la James Angel and Company pour administrer l’usine Victoria. Avant la fin de la décennie, son fils aîné, John E., devint aussi son associé.

Le 22 août 1891, la Consolidated Foundry, assurée seulement à la moitié de sa valeur, fut détruite par un incendie. Dès lors, même si les Angel continueraient d’occuper des postes à la haute direction jusqu’à la fermeture de la fonderie en 1982, James semble avoir consacré la plus grande part de ses énergies à l’usine Victoria et au secteur des docks. La première machine à vapeur, la première chaudière à vapeur et le « premier et unique » vapeur en fer construits à Terre-Neuve furent fabriqués à l’usine Victoria au cours des années où il la dirigea. En 1894, Angel signa un contrat en vue d’exploiter le bassin de radoub du gouvernement et réinstalla son usine à cet endroit. Lui-même et Augustus William Harvey avaient d’abord présenté une soumission ensemble ; elle avait été acceptée, après plusieurs révisions, quand Angel l’avait présentée seul. Apparemment, Harvey demeura commanditaire. Le bassin de radoub fut vendu à Robert Gillespie Reid* dans le cadre du contrat ferroviaire de 1898. Alexander D. Brown s’intégra à l’entreprise de Reid, et James Angel forma l’Angel Engineering and Supply Company avec ses fils, John E. et Frederick William. En 1908, les Angel fusionnèrent l’usine Victoria avec leur principale concurrente, la fonderie Terra Nova, anciennement propriété de John Ledingham*. Frederick William, qui avait reçu une formation d’ingénieur, semble avoir administré les affaires courantes à compter de 1905. Cependant, James continua d’assumer la direction générale de l’entreprise, rebaptisée Angel Engineering Company, jusqu’à ce qu’elle soit vendue en 1912 à la Reid Newfoundland Company.

James Angel fit une crise d’apoplexie environ trois ans après, puis une deuxième, semble-t-il, au début de 1917. Il mourut en octobre 1918 après avoir été confiné chez lui durant plus d’un an. « En première ligne dans toutes les bonnes œuvres vouées à l’avancement de la contrée dans laquelle il vi[vait] », James Angel avait longtemps appartenu au conseil d’administration du Methodist College de St John’s et été président du comité de l’orphelinat méthodiste. Sa nécrologie notait que, aussi bien dans sa participation à la vie communautaire que dans ses activités commerciales, « il n’était pas dans sa manière d’être douceâtre [...] sa fermeté était son trait distinctif ».

Robert H. Cuff

Daily News (St John’s), 24 oct. 1918.— Evening Telegram (St John’s), 24 oct. 1918.— DNLB (Cuff et al.).— Encyclopedia of Nfld (Smallwood et al.). J. L. Joy, « The growth and development of trades and manufacturing in St. John’s, 1870–1914 » (mémoire de m.a, Memorial Univ. of Nfld, St John’s, 1977).— Newfoundland men [...], H. Y Mott, édit. (Concord, N.H., 1894). T.-N., General Assembly, Proc., 1909–1919. « The United Nail and Foundry Company, Ltd. », dans The book of Newfoundland, J. R. Smallwood et al., édit. (6 vol., St John’s, 1937–1975 ; vol. 1–2 réimpr., [Édimbourg, 1968]),: 426–430 (section de la publicité) [cette section n’a pas été réimprimée].

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Robert H. Cuff, « ANGEL, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/angel_james_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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