ALEXANDER, ROBERT, marchand et homme politique, né en 1822 à Bonavista, Terre-Neuve, et baptisé le 27 janvier 1823, fils de William Alexander et d’Elizabeth Newell, décédé le 26 ou le 27 janvier 1884 à Liverpool, Angleterre.

Le père de Robert Alexander, un marchand de Bonavista originaire d’Écosse, mourut quand celui-ci avait six ans. Robert, ainsi que deux frères et une sœur, fut apparemment élevé à Bonavista par sa mère, qui se remaria en 1842. Il fit probablement son apprentissage de commis dans une firme de St John’s, très vraisemblablement la J. and W. Stewart and Company, dont le siège social se trouvait à Greenock, en Écosse, et qui avait entretenu des relations étroites avec l’entreprise de son père ; Robert en devint l’associé responsable de la région de Terre-Neuve le 3 juin 1861.

La J. and W. Stewart était établie à Terre-Neuve depuis le début du xixe siècle ; elle exportait du poisson et des produits dérivés du phoque et elle importait des denrées des États-Unis et du Canada, ainsi que des produits manufacturés de Grande-Bretagne. Après la mort de James Stewart et de son frère William, dans les années 1830, la direction de l’entreprise passa à ses actionnaires britanniques et l’administration en revint à des agents qui se succédaient à St John’s. À l’époque où Alexander en devint l’associé, en 1861, la J. and W. Stewart était l’une des plus grosses compagnies de la ville. Cinq ans plus tard, sa situation était encore excellente ; elle expédiait 38 142 quintaux de morue, surtout au Portugal, en Espagne et au Brésil, et 28 364 peaux de phoque, évaluées à $21 273, à Greenock, ce qui représentait environ 10 p. cent de l’exportation totale de ces produits à partir de St John’s cette année là. Elle avait été la première firme de Terre-Neuve à exporter du poisson au Brésil. Pendant les années 1870, la J. and W. Stewart envoya trois bateaux à vapeur à la chasse annuelle au phoque et, en 1875, l’un d’eux, le Proteus, établit le record local du plus grand nombre de phoques rapportés par un vapeur en une année, soit 44 377, capturés en deux expéditions.

Personnage clé du petit groupe de marchands de la rue Water dominant l’économie de Terre-Neuve, Alexander fut membre de la St John’s Chamber of Commerce, de 1864 à 1876, et, de 1863 à 1876, du conseil d’administration de l’Union Bank of Newfoundland, la plus prospère des deux banques appartenant à des gens de la région dans les années 1870. En plus d’être le représentant de l’Imperial Fire and Life Insurance Company of London, il siégeait au conseil d’administration de plusieurs compagnies locales dont la St John’s Marine Insurance Company, la Floating Dry Dock Company et la Newfoundland Boot and Shoe Manufacturing Company. Alexander devint aussi copropriétaire de 23 navires enregistrés à Terre-Neuve de 1861 à 1875.

Dans le domaine de la politique, Alexander était un conservateur. Aux élections générales de 1869, au cours desquelles le ralliement à la Confédération fut la principale question en jeu, il se servit de l’influence considérable de la J. and W. Stewart, par l’entremise de ses succursales dans le district de Bonavista, pour aider à faire élire les candidats James L. Noonan, Francis Winton et William M. Barnes, opposés à la Confédération. Il fit son unique incursion dans la politique active en 1874, au sein de la formation de Frederic Bowker Terrington Carter* ; il fut alors élu dans le district très protestant de Fortune Bay. L’intervention directe de l’entreprise commerciale la plus importante du district, la Newman and Company, avait permis cette victoire. Non seulement Alexander s’accordait-il avec cette dernière sur le plan politique, mais il maintenait avec elle des rapports commerciaux étroits ; depuis les années 1850, la J. and W. Stewart louait des locaux de la Newman à St John’s et, au cours des années 1870, elle la représenta dans cette ville. Des obligations commerciales et une mauvaise santé limitèrent apparemment les activités d’Alexander à l’Assemblée, et il ne chercha pas à se faire réélire en 1878. À ce moment-là, il semble s’être déjà retiré de toute participation immédiate à la direction de la J. and W. Stewart.

Alexander mourut à Liverpool en 1884 alors qu’il y séjournait pour raison de santé. Ses biens, évalués à plus de £17 000, furent distribués entre des parents, des amis intimes et des œuvres de charité locales. Parmi les dons, £500 allèrent respectivement au St John’s Church of England Orphanage et à la Colonial and Continental Church Society, £1 000 à la construction d’un foyer pour marins à St John’s, £1 000 au fonds affecté à l’achèvement de la cathédrale St John the Baptist, et £2 000 à la création de l’Alexander Charity Fund, dans le but d’assurer la subsistance des veuves et des orphelins pauvres de Bonavista. On loua sa bienveillance à St John’s, car, selon l’Evening Mercury, le legs fut « le premier qu’ait laissé un marchand qui s’est enrichi ici ». On perpétua sa mémoire en donnant son nom à la baie Alexander dans la baie de Bonavista.

Melvin Baker

Anglican Church (Bonavista, T.-N.), Birth registers, 1786–1845 ; Marriage registers, 1786–1891 (copies aux PANL).— Maritime Hist. Group Arch., Alexander name file ; Board of Trade ser. 107–108 (entrées à Robert Alexander et à J. and W. Stewart and Company) ; Derek Bussey, « St. John’s Mercantile Trade, 1880 » (copie dactylographiée, 1973) ; Owen Hewitt, « Shipping St. John’s Harbour 1866 » (copie dactylographiée, 1973).— St Andrew’s Presbyterian Church (St John’s), Parish registers, 1842–1891 (copies aux PANL).— Supreme Court of Newfoundland (St John’s), Registry, testament de Robert Alexander, enregistré le 12 févr. 1884.— T.-N., House of Assembly, Journal, 1846–1889.— Evening Mercury, 28 janv., 1er févr. 1884.— Royal Gazette (St John’s), 1829–1881.— Nfld. directory, 1877.— Chafe’s sealing book (1905).— The Newfoundland almanack [...], Philip Tocque, compil. (St John’s), 1863.— Devine, Ye olde St. John’s.— W. D. MacWhirter, « A political history of Newfoundland, 1865–1874 » (thèse de m.a., Memorial Univ. of Newfoundland, St John’s, 1963).— Paul O’Neill, The story of St. John’s, Newfoundland (2 vol., Erin, Ontario, 1975–1976), 11.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Melvin Baker, « ALEXANDER, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/alexander_robert_11F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:

Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/alexander_robert_11F.html
Auteur de l'article:    Melvin Baker
Titre de l'article:    ALEXANDER, ROBERT
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    28 novembre 2024