AGNEW, STAIR, propriétaire foncier, homme politique, juge de paix et juge, né en Virginie, probablement le 19 octobre 1757, fils d’une prénommée Teresa et du révérend John Agnew ; il épousa une prénommée Sophia Winifred, et ils eurent au moins huit enfants ; décédé le 10 octobre 1821 à l’âge de 63 ans à Monkton House, comté d’York, Nouveau-Brunswick.

Stair Agnew fit ses études à Glasgow, en Écosse, et retourna en Virginie en 1775 au début de la Révolution américaine. Il se porta volontaire pour servir dans les forces britanniques et, le 1er décembre 1775, fut nommé enseigne dans le Queen’s Loyal Virginia Régiment. Huit jours plus tard, il participa à un combat à Great Bridge, près de Norfolk, en Virginie, qui marqua véritablement le début de la guerre d’Indépendance dans cette colonie. Promu lieutenant dans les Queen’s American Rangers le 27 novembre 1776, il fut grièvement blessé l’année suivante à la bataille de Brandywine, en Pennsylvanie. Après sa guérison, il réintégra son unité en tant que capitaine. En 1778, son père, loyaliste tout aussi ardent, devint aumônier du régiment. En 1781, le père et le fils, qui étaient à bord de la frégate britannique Romulus, furent capturés par une escadre française. Ils passèrent le reste de la guerre en prison au Rhode Island, à Saint-Domingue (île d’Haïti) et en France. Ne se sentant pas les bienvenus à leur retour en Virginie, ils décidèrent de partir pour l’Angleterre où Stair se maria. Réduit à la demi-solde en 1783, ce dernier reçut une pension annuelle de £80 de la commission chargée d’examiner les réclamations des loyalistes.

Peu satisfaits de leur vie en Angleterre, Agnew et son père avaient résolu dès 1789 de s’établir dans l’Amérique du Nord britannique. Bien qu’ils aient projeté d’aller vivre à Québec, Benjamin Marston*, qu’ils avaient rencontré à Londres, les convainquit d’envisager leur installation au Nouveau-Brunswick. Ils débarquèrent à Saint-Jean et, après une visite à Fredericton, ils décidèrent de rester. Ils reçurent des concessions de terre le long de la rivière Nashwaak et achetèrent aussi des terrains, notamment de John Anderson, colon préloyaliste, qui leur vendit 1 000 acres à l’embouchure de ladite rivière, où ils entreprirent l’aménagement d’un domaine qu’ils nommèrent Monkton. Patrick Campbell, qui visita la région en 1791, parle de la future résidence de Stair Agnew comme d’un « manoir en construction qui, selon toute apparence, sera très beau ». Située en face de Fredericton où Agnew pouvait vendre ses produits au marché, la propriété comprenait des emplacements de moulins. Y était aussi greffé le droit d’exploiter des services de traversier sur les rivières Saint-Jean et Nashwaak. La famille allait jouir de ce double privilège pendant de nombreuses années.

Agnew fit son entrée sur la scène politique en 1792. Cette année-là, il fut élu député de la circonscription d’York à la chambre d’Assemblée, où il devint un des porte-parole des propriétaires fonciers mécontents qui s’opposaient aux restrictions touchant la concession des terres que le gouvernement britannique avait imposées en 1790. Battu en 1795, il contesta l’élection de son adversaire, prétendant que le shérif avait rayé le vote d’un certain nombre de ses partisans. Après enquête, il fut déclaré élu l’année suivante. Sa réélection en 1802 fit l’objet d’une contestation, mais le résultat d’une enquête trancha en sa faveur. Il fut réélu quatre fois de suite et demeura ainsi député jusqu’à sa mort. De 1799 à 1821, il exerça aussi les fonctions de juge de paix et de juge à la Cour inférieure des plaids communs du comté d’York.

En politique, Agnew passait pour un conservateur, mais il était non conformiste et son comportement était tout à fait imprévisible. Apparemment, bon nombre de ses décisions politiques reposaient sur les personnes plutôt que sur les principes en cause. Pendant quelque temps, il se joignit à James Glenie* pour faire opposition au lieutenant-gouverneur Thomas Carleton* et à ses partisans. En 1795, il critiqua le gouvernement au cours d’une réunion à la Van Horne’s Tavern de Fredericton, disant que la population du Nouveau-Brunswick serait en meilleure posture si la province était annexée aux États-Unis ; ainsi elle n’aurait plus à subir ni les restrictions touchant la concession des terres, ni la pénurie de main-d’œuvre qui entravaient tellement l’activité des gentlemen-farmers. La même année, il appuya le Declaratory Bill présenté par Glenie, qui cherchait à restreindre les pouvoirs du lieutenant-gouverneur en conseil. De plus, en 1797, il encouragea Glenie dans sa tentative pour obtenir un vote de censure contre Carleton. Mais, moins de deux ans plus tard, il l’abandonna. De la même façon, il s’était allié à un partisan de Glenie, Samuel Denny Street, qui était une autre épine au pied du gouvernement, mais cette union ne fit pas long feu et les deux hommes devinrent d’implacables ennemis.

Dès 1799, Agnew avait fait la paix avec le gouvernement. En 1802, il fut l’un des signataires d’une pétition réclamant la destitution de Caleb Jones* comme juge de paix, parce que ce dernier avait fait des remarques déloyales. Tout comme Agnew, Jones était propriétaire d’esclaves ; en 1800, les deux hommes, qui s’étaient liés d’amitié, furent mêlés à des procès qui mettaient en cause la légalité de l’esclavage au Nouveau-Brunswick. La volte-face politique d’Agnew était devenue particulièrement évidente au début de 1802, quand un conflit éclata entre l’Assemblée et le Conseil du Nouveau-Brunswick à propos du droit de nommer le greffier de la chambre. Prenant parti contre Street, que l’Assemblée avait choisi pour remplir cette fonction, et jouissant de l’appui d’Archibald McLean et d’autres collègues, Agnew fut celui qui, en l’absence de la majorité des députés et sur l’ordre du président Amos Botsford*, raya le nom de Street du projet de loi sur le revenu. C’est ainsi que le poste fut accordé à Dugald Campbell*, le candidat du lieutenant-gouverneur. Cependant, en 1818, Agnew avait encore changé d’attitude et s’opposait de nouveau au gouvernement qui avait alors à sa tête le lieutenant-gouverneur George Stracey Smyth. En 1821, il appuya un projet de loi qui aurait permis aux ministres de toutes les religions de célébrer des mariages mais que le conseil rejeta.

Personnage controversé et souvent incommode, Stair Agnew se laissait mener par ses sympathies et antipathies personnelles. Néanmoins, malgré ses nombreuses palinodies, il fut toujours populaire dans le comté d’York où les électeurs lui furent fidèles jusqu’à sa mort.

William A. Spray

APNB, MC 1156, V : 16 ; RG 2, RS8, appointments and commissions, 2/1 : 25 ; unarranged Executive Council docs., petition of the magistrates of the county of York, 14 oct. 1802 ; RG 4, RS24, S5-P6, S 10-P1 ; RG 10, RS 108, Stair Agnew, 6 déc. 1816 et deux pétitions non datées.— PRO, AO 12/56 ; 12/99–100 ; AO 13, bundles 33, 79.— P. Campbell, Travels in North America (Langton et Ganong).— Revolutionary Virginia : the road to independence, W. J. Van Schreeven et al., compil., R. L. Scribner et al., édit. (7 vol. parus, [Charlottesville, Va.], 1973–  ).— Winslow papers (Raymond).— New-Brunswick Royal Gazette, 16 oct. 1821. G.-B., WO, Army list, 1783. « Roll of officers of the British American or loyalist corps », W. O. Raymond, compil., N.B. Hist. Soc., Coll., 2 (18991905), no 5 : 248. Sabine, Biog. sketches of loyalists. Hannay, Hist. of N.B., 1 : 256, 258, 273, 279, 296, 309310, 348349, 440. Lawrence, Judges of N.B. (Stockton et Raymond).— MacNutt, New Brunswick. D. G. Bell, « Slavery and the judges of loyalist New Brunswick », Univ. of New Brunswick Law Journal (Saint-Jean), 31 (1982) : 942.

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William A. Spray, « AGNEW, STAIR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/agnew_stair_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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